• ARTICLE N° 1 

    -SIGNIFICATION DU TERME TAI JI QUAN -

                                         

     Le nom de Tai Ji Quan est habituellement traduit par « la Boxe du Faîte Suprême » qui est la traduction littérale des trois idéogrammes formant ce nom. Si nous considérons le Tai Ji Quan comme l’application dans un art de combat des principes énergétiques Taoïstes issues des proto-chinois(1), il serait intéressant de voir quelle pourrait être la signification des sinogrammes Tai, Ji et Quan dans leur ancienne graphie. 

    Partant du principe qu’un nom sert à définir la chose qu’il symbolise, j’ai donc voulu savoir pourquoi les anciens avaient appelé cette boxe « Tai Ji ». La traduction moderne ne me donnant aucun indice, j’ai recherché dans l’étymologie des idéogrammes afin de voir si leur signification était plus explicite.

     Il s’est avéré que le terme Tai () s’écrivait à l’origine   et représentait un homme au dessus d’un trait symbolisant le sol c'est-à-dire l’être humain en général, et Ji () s’écrivait   et représentait selon certains paléographes spécialisés dans l’écriture chinoise, un arbre symbolisant peut être la tradition des cultivateurs (les proto-chinois) qui place l’homme vu de profil entre, d’une part le ciel et le sol symbolisés par les deux traits horizontaux et d’autre part la bouche qui symbolise la transformation des aliments en énergie et la main qui exprime la libération de cette énergie par le travail. 

    Quant au terme Quan () sa graphie ancienne   se lit de bas en haut et représente une main soulignée représentant une coudée avec au dessus un terrain vide qui sera transformé en champ cultivé d’où sortira la récolte symbolisée par le plant sortant du champ. 

    On peut donc déduire de cela que l’Homme véritable (Tai) est celui qui est capable, par son travail (Quan), de mettre en application le principe d’alternance propre à notre monde (Ji), principe symbolisé en Chine par les notions de Yin et de Yang(2).

     Si nous adaptons cette définition à la boxe, on peut donc traduire Tai Ji Quan comme étant la technique qui permet, avec le temps, d’atteindre un résultat (Quan), ce résultat dans le terme qui nous intéresse étant la compréhension du principe cyclique (Ji) adapté à l’être humain (Tai).

     Dans la pratique de la boxe, ce principe appliqué à l’homme se limite à des notions physiologiques telles que l’ouverture et la fermeture, les tensions excentriques globales (3) qui créent la force élastique des muscles et des tendons, ou encore, les forces centripète et centrifuge, etc.

     Plus simplement, nous pouvons dire que :

     

     LE TAI JI QUAN DOIT PERMETTRE L’ETUDE ET L’EXPRESSION DE CE PRINCIPE CYCLIQUE DANS LA PRATIQUE DU COMBAT.

     (1) Les proto-chinois étaient un peuple sédentaire et agriculteur formé de plusieurs tribus vivant dans la vallée de Wei (province du Shaanxi). Ils ont disparu sous les invasions successives des peuples nomades turcs, mongols et plus tard mandchous. Néanmoins leur culture où tout au moins une partie de leurs connaissances à survécu dans le Taoïsme, l’école du Yin-yang et la médecine chinoise.

    (2) Pour plus d’informations lire le très intéressant livre de J.A.LAVIER « Bioénergétique chinoise » aux éditions Maloine.

    (3) les tensions excentriques globales sont une notion développée dans notre école afin de remplacer les contractions musculaires volontaires par des contractions réflexes qui découlent de l’extension des muscles antagonistes.